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Retours d'expérience

L'Accès à l'Information scientifique et technique (IST) en libre accès au Burkina Faso
Minata Traore
Université Nazi Boni Bobo-Dioulasso  (UNB)

L'Information scientifique et technique, en abrégé « IST » désigne l'ensemble des informations liées au secteur de la recherche, de l'enseignement et de l'industrie. Elle joue un rôle très important dans le développement économique et social d'un pays. C'est pourquoi nous assistons au phénomène de l'explosion documentaire, c'est-à-dire l'accroissement spectaculaire des documents dans le monde au cours de ces dernières années. Cette explosion documentaire est due au développement rapide de la science et de l'innovation technologique, au nombre toujours croissant des savants et des chercheurs qui constituent la source principale de connaissances et de production d'informations. Devant cette masse d'informations, une forme d'organisation devient nécessaire si on veut la rendre accessible au public. Selon le rapport d'étude d'identification des ressources informationnelles nationales à intégrer au dispositif du Système d'Information Scientifique et Technique (SIST) fait en Novembre 2006 au Burkina Faso, il est ressorti qu'il ya un déficit notoire d'accès à l'information scientifique nationale et internationale, l'absence d'une politique forte de dynamisation des centres de documentation qui sont déficitaires en technologie de l'information et de la communication (TIC) et en compétences informatiques. En outre, certains chercheurs sont réticents à la diffusion des résultats de leurs travaux de recherche. Pourtant, un certain nombre d'informations existent et des bases de données sont également disponibles. Seulement elles sont disséminées et mal diffusées. Sachant que la documentation en réseau étant le nouveau défi lancé par les documentalistes et face à la demande de plus en plus croissante d'information spécialisée, au manque d'un cadre de collaboration entre les structures documentaires au Burkina Faso, il s'avérait nécessaire de mettre en commun les ressources documentaires et de mettre en place une stratégie de collaboration entre les centres de documentation fournisseurs d'IST. C'est dans ce contexte que des réseaux nationaux ont été créés comme le Réseau pour la Mutualisation de l'Information Scientifique et Technique (REMIST) et le Réseau d'Information et de Documentation sur l'Environnement au Burkina Faso (RIDEB). Par ailleurs, un Réseau International pour la disponibilité des Publications Scientifiques (INASP) soutient le secteur de la recherche au Burkina Faso à travers son programme « PERI » par le renforcement des capacités, de la production, l'accès et la diffusion d'informations et des connaissances. Compte-tenu du manque ou de l'insuffisance de budgets conséquents alloués aux différentes structures documentaires et dans la perspective de création d'un consortium des centres fournisseurs d'IST et partisans de la "Science ouverte" au Burkina Faso, plusieurs bibliothèques, centres de documentation et centres de recherches sont actuellement engagés dans le mouvement du libre accès par des projets de numérisation et de mise en ligne de leurs publications (grâce au soutien de l'IRD et du CIRAD), la création et la mise en place des dépôts institutionnels numériques comme le DICAMES, la formation des étudiants, enseignants et chercheurs aux nouvelles techniques de recherche documentaire en ligne afin d'accéder gratuitement à des revues et articles scientifiques, à des bases de données et autres ressources documentaires. C'est ce que nous tenterons de vous démontrer par des résultats concrets. à travers la présente communication.

Expérience de mise en œuvre de stratégies de recherche ouverte au sein d'un laboratoire du Sud (LASDEL)
Aïssa Diarra  1, Pascal Aventurier  2, *
1 : Laboratoire d'études et recherches sur les dynamiques sociales et le développement social  (LASDEL), 12901, Niamey -  Niger
2 : Institut de recherche pour le développement  (IRD), Centre de documentation
* : Auteur correspondant

Introduction
En mars 2016, le LASDEL (Laboratoire d'études et recherches sur les dynamiques sociales et le développement local) a participé à un projet pilote sur les données ouvertes en vue d'élaborer un plan de gestion de données (PGD) et de sensibiliser le laboratoire aux enjeux de l'ouverture des données. Le LASDEL a été l'un des laboratoires sélectionnés par le CRDI (centre de recherches pour le développement international) pour mener une expérimentation pilote sur 8 laboratoires différents dans les pays du Sud. Pour le LASDEL, l'objectif principal de ce projet était d'élaborer une politique type relative aux données de recherche ouverte ainsi que les lignes directrices sur la mise en œuvre afin de favoriser un meilleur accès aux données sur le développement. Notre communication revient sur les leçons apprises de cette expérience à partir du point de vue de la chercheure principale et de l'expert référent du projet pilote.
Méthodologie
Un programme de recherche du LASDEL a servi de cadre d'application du projet pilote. Le travail s'est déroulé en quatre phases : 1) la compréhension du principe des données ouvertes ; 2) l'inventaire des données ; 3) l'élaboration du PDG ; 4) La soumission dans un entrepôt de données ouvertes.
Résultat
Bien que le laboratoire s'oriente vers une politique d'ouverture sur le plan international par la diffusion des résultats de ses travaux de recherche, nous avons relevé une méfiance des chercheurs quant au partage de certaines données primaires qualitatives. Cependant les craintes peuvent être surmontées et nous avons pu appréhender concrètement les bénéfices qu'apportent les « données ouvertes » : une plus grande clarté dans la production des données; le potentiel de recherche optimisé; une source d'inspiration pour améliorer le fonctionnement du Laboratoire. Par ailleurs, nous relevons que le partage des données (de qualité) nécessite au moins le développement des capacités techniques, institutionnelles et d'excellence de la recherche.
Conclusion
Rares sont les travaux qui ont examiné les politiques relatives aux données ouvertes dans le contexte particulier de la recherche en sciences sociales sur le développement. Le PDG est un outil essentiel de diffusion/valorisation des produits de la recherche, de régulation de la recherche et de l'administration du laboratoire.

Dix ans de plaidoyer pour une politique institutionnelle de libre accès à l'information scientifique et technique au Sénégal : Bilan et perspectives du projet pilote de dépôt institutionnel de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar
Mandiaye Ndiaye
Conservateur, Chef du Service de Référence et de Gestion des ressources continues à la Bibliothèque Universitaire / Coordonnateur National du Programme Open Access du Consortium des bibliothèques d'enseignent supérieur et de recherche du Sénégal  (UCAD / COBESS)

Dans un contexte marqué par une faiblesse des budgets des institutions documentaires, un non renouvellement des collections, un faible accès aux revues scientifiques et aux ouvrages de recherche et une absence de collaboration formalisée entre les structures, 35 institutions documentaires d'enseignement supérieur public et privé s'étaient retrouvé à Saint Louis en mai 2005 pour mettre sur pied le Consortium des bibliothèques d'enseignement supérieur et de recherche du Sénégal (COBESS). La vision du COBESS est de devenir le point focal de la conception et de la mise en œuvre de la politique documentaire dans le secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche du Sénégal et de faire des structures documentaires les points névralgiques des institutions d'enseignement supérieur et de recherche. Le Consortium des bibliothèques d'enseignement supérieur et de recherche du Sénégal (COBESS) compte aujourd'hui plus de 45 membres composés d'institutions documentaires de l'enseignement supérieur public et privé et de centres de recherche du Sénégal. En tant que organisation au service de l'enseignement supérieur et de l'accès démocratique au savoir, le COBESS est régi par un comité de gestion et fonctionne autour de trois programmes stratégiques sur l'accès libre aux résultats de la recherche et aux publications en Open Access (OA), la propriété intellectuelle (IP) et les logiciels libres de bibliothèques (FOSS). Tête de pont du Service commun de la documentation, la bibliothèque centrale de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) est un membre institutionnel du Consortium des bibliothèques d'enseignement supérieur et de recherche du Sénégal (COBESS) depuis sa création en 2005 et en abrite le siège. Avec les différentes phases de son projet de mise en place d'un dépôt institutionnel en accès ouvert, la bibliothèque universitaire de l'UCAD incarne l'expérience pratique de la mise en œuvre des recommandations de l'atelier national de lancement du libre accès au Sénégal organisé par le COBESS les 09 et 10 février 2010 à Dakar. Suivi par plusieurs campagnes de plaidoyer en faveur de l'Open Access aux publications académiques, l'objectif général visé par l'atelier était d'accroître la visibilité des résultats de recherche des universités et instituts de recherche au Sénégal mais également, de renforcer leurs capacités dans le partage des connaissances à travers la création et la mise en place de dépôts institutionnels au niveau national.
La présente communication vise à :
- Faire le point critique sur les différentes étapes de la dynamique de l'Open Access durant ces dix dernières années dans le domaine de l'enseignement supérieur au Sénégal.
- analyser les écueils et les réussites du projet pilote de mise en place d'un dépôt institutionnel en Accès Ouvert à l'UCAD regroupant l'ensemble des publications et produits de la recherche des membres de la communauté universitaire reçus ou suscités dans le cadre du dépôt académique ; et leur mise en ligne à travers un portail interactif
- dresser le bilan des échanges et clarifier les rôles entre les différents acteurs (producteurs de contenus, gestionnaires de contenus, décideurs) : enseignants, chercheurs, doctorants, bibliothécaires, informaticiens, autorités
- dégager les perspectives de rédaction d'une charte institutionnelle pour l'UCAD, un modèle de politique institutionnelle encadrant le dépôt et les stratégies d'implémentation et d'adoption.
La communication explore la dynamique de l'Open Access en revenant sur les différentes campagnes de sensibilisation et des activités menées autour du plaidoyer sur la science ouverte, l'accès au savoir en rapport avec la propriété intellectuelle et l'utilisation des logiciels de bibliothèques à codes sources ouverts au niveau bibliothèques universitaires pour les politiques de sauvegarde, de gestion et de valorisation des collections. Elle traite également de l'élaboration et de l'adoption de politiques institutionnelles dans le domaine de la collecte, la sauvegarde et la valorisation de la mémoire scientifiques des institutions d'enseignement supérieur et de recherche.
La réflexion aborde les enjeux des bibliothèques universitaires dans la dynamique de reconstruction des systèmes d'enseignement supérieur des pays du sud en posant la place de la mémoire institutionnelle et de la Documentation comme un élément du trépied à côté de l'Enseignement et de la Recherche qui sous-tend toute université.

Partager la recherche en sciences sociales : histoire d'un réseau international
Agnès Adjamagbo  1  , Valérie Delaunay  2, *  , Laurence Fleury  3, *  , Anastasia Seferiadis  4, *
1 : Laboratoire Population-Environnement-Développement. Institut de Recherche pour le Développement : UMR_D151, Aix Marseille Université : UMR_D151
2 : LPED, IRD, Aix Marseille University, France
3 : Laboratoire Population Environnement Développement  (UMR LPED, Aix Marseille Univ, IRD, LPED, IRD BP 1386 Dakar -  Sénégal
4 : Laboratoire Population-Environnement-Développement  (LPED, Institut de Recherche pour le Développement : UMR_D151, Aix Marseille Université : UMR_D151
* : Auteur correspondant

Depuis 2015, un collectif de quarante chercheur.e.s de différentes universités d'Afrique, d'Europe et du Canada, tous spécialistes des questions de famille et d'enfance dans différentes disciplines des sciences sociales[1], se mobilise pour la valorisation et l'exploitation des données de la recherche relatives à ces deux champs en Afrique Subsaharienne. Constitué en réseau, il est à l'origine de la création de la Plateforme Régionale sur l'Enfance et la Famille en Afrique Subsaharienne (PREFAS) : http://prefas.scribnet.org/maquette/. Le réseau PREFAS inclut depuis peu les représentants de l'ONG internationale Women in Law and Development (WILDAF) agissant dans le domaine de l'aide juridique aux femmes et présente dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest. Ce réseau a pour ambition de rendre visibles et de valoriser les données existantes et les produits de la recherche afin d'éclairer les changements à l'œuvre et d'orienter les politiques et les programmes de développement. Les objectifs spécifiques visent à : 1) faciliter l'accès à des données probantes produites par la recherche sur les questions en lien avec la famille et l'enfance ; 2) faire connaître les bases de données existantes : documentaires (rapports, documents de programmes, publications scientifiques) ; statistiques (indicateurs sur la famille et l'enfance) ; données d'enquêtes (Enquêtes Nationales, Recensements, Enquêtes spécifiques) et les métadonnées associées ; 3) organiser des ateliers de rencontre et d'échange entre les institutions de recherche et celles de l'action pour le développement ; 4) contribuer au développement de recherches interdisciplinaires innovantes sur la famille et l'enfance ; 5) développer la formation des étudiants et le renforcement des capacités des professionnels de ces domaines (partage de connaissances, écritures des recherches et actions, méthodes de travail collaboratives).
Des données sous exploitées, des connaissances mal diffusées. Depuis les indépendances, les collectes de données quantitatives et qualitatives se sont multipliées et améliorées en Afrique, fournissant aux politiques et aux chercheur.e.s des matériaux susceptibles d'orienter les politiques et programmes de développement et de recherche. Au fil du temps, les données se sont accumulées sans avoir été pleinement exploitées. Les produits de recherche sont aujourd'hui nombreux, mais ils restent souvent limités à la sphère académique et répondent rarement aux attentes des praticien.ne.s du développement tant dans la forme (articles longs, vocabulaire spécialisé, analyses complexes, échelle d'analyse inadéquate) que dans le contenu (approche fondamentale, peu encline à l'opérationnalisation). Insuffisamment vulgarisés, mal diffusés, ils demeurent inaccessibles aux décideur.se.s et acteur.rice.s du développement. Trop souvent de nouvelles recherches sont engagées, des expertises sont organisées sans que la substance des enquêtes précédentes ait été suffisamment extraite. Il existe par ailleurs un dialogue insuffisant et des temporalités discordantes entre la recherche et l'action pour le développement.
Une réponse basée sur l'open science, l'intersectorialité et les méthodes collaboratives
Forts de ces constats, les membres du réseau PREFAS proposent une approche nouvelle qui consiste à dépasser les objectifs strictement scientifiques pour interroger également l'appropriation des résultats de la science à des fins d'action pour le développement. Cette approche a ceci d'original qu'elle offre de sortir du rapport classique de l'acteur.rice du développement proposant une offre de service aux chercheur.e.s pour lui substituer un rapport d'échange et de dialogue. La volonté d'établir des passerelles avec la sphère de l'action publique est un élément central dans la démarche du réseau PREFAS. Ceci implique l'ouverture au dialogue intersectoriel autour des questions de familles et d'enfance dans une perspective de programmes d'action. Les objectifs de PREFAS sont en accord avec les concepts clés de l'open science que sont le partage de ressources libres, le data rescue, le respect des critères des FAIR data, .... Mais le constat fait dans le réseau depuis bientôt 4 ans, est que la mise en application de ces principes n'est pas toujours facile, même quand ils font l'unanimité. Les principes de partage et d'ouverture se heurtent souvent dans les faits à des difficultés techniques, juridiques (cas des données personnelles) et à des réticences individuelles. Les valeurs intrinsèques de l'open science sont en opposition directe avec d'autres contraintes économiques et de concurrence qui sont encore très prégnantes dans les structures institutionnelles. Faire de l'open science demande une refonte profonde des méthodes de travail, des partenariats institutionnels, mais aussi des modes de gouvernance de la recherche qui ne se résume pas à la mise en place d'outils, mais implique aussi des changements de postures mentales et idéologiques conséquents. Ces changements sont liés en grande partie à l'apprentissage de modèles de travail collaboratifs qui sont loin encore d'être généralisées. Dans cette communication, nous souhaitons partager l'expérience du réseau PREFAS et de son cheminement dans la concrétisation parfois difficile des principes forts de l'open science. Nous souhaitons, ce faisant, illustrer l'histoire spécifique d'une expérience de partenariat internationale, révélatrice de différentes dimensions de discordance liées aux contextes institutionnels nationaux. Nous aborderons la question des écueils techniques, éthiques et idéologiques rencontrés ainsi que celle de l'accès aux ressources financières et de la pérennisation du réseau. Nous nous interrogerons enfin sur l'applicabilité des concepts prônés au regard des contraintes institutionnelles et personnelles.
[1] Anthropologie, démographie, économie, sociologie, histoire.

La formation autour de la gestion des données dans les universités publiques du Sénégal ; Dakar, Saint-Louis, Université Virtuelle du Sénégal et Ziguinchor
Mohamadou Ibnou Arabe Konteye
CIERVAL (Centre Interdisciplinaire d'Etudes et de Recherches de la Vallée) Université Gaston Berger de Saint-Louis Sénégal  (CIERVAL/UGB)

En 1962 déjà, l'UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture), en coopération avec la CEA (Commission Economique pour l'Afrique), lors de la conférence de Tananarive sur l'avenir de l'enseignement supérieur en Afrique, a interpellé les universités africaines sur leur devenir à travers deux défis majeurs à relever (:)
1- le rôle de l'enseignement supérieur africain dans le développement culturel, social et économique du continent ;
2-le choix des programmes d'enseignement supérieur et leur adaptation aux modalités de la vie et de l'évolution africaines, en matière de développement économique, de l'administration publique, des ressources naturelles et des études africaines. Bref, de son adaptabilité aux réalités tout autant nationales qu'internationales, mais et surtout de la capacité qu'elle a pour y répondre. Dès lors, plusieurs réflexions et publications ont été réalisées au niveau national, régional et international pour évoquer la crise, sur plusieurs plans, dans l'enseignement supérieur en Afrique. Que cette crise soit réelle ou supposée, l'adaptation dans le choix des programmes de l'enseignement supérieur s'avère opportune. C'est dans cette perspective que nous tentons d'analyser la formation autour de la gestion des données dans les universités publiques du Sénégal : le cas Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Université Gaston Berger de Saint-Louis, Université Virtuelle du Sénégal, Université Assane Seck de Ziguinchor. Pour mener cette recherche, nous avons interrogé les principaux acteurs dans les départements de sociologie de ces universités : les responsables administratifs, le personnel d'enseignement de recherche et les apprenants. Un questionnaire et un guide d'entretien ont été conçus comme outil d'enquête et administrés aux cibles citées.


Bibliothèque et science ouverte : étude de cas d'une institution panafricaine de recherche en sciences sociales, le CODESRIA.
Jean Pierre Diouf, Emiliane Faye *
Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique  (CODESRIA)
* : Auteur correspondant

Le continent africain fait face à plusieurs défis qui sont sécuritaires, sanitaires, de formation, d‘éducation et en un mot de développement. De tous ces défis, ceux liés à l'éducation et à la formation avec comme soubassement l'accès à l'information scientifique et technique nous semble être d'une grande acuité car, pouvant largement contribuer à améliorer le niveau de développement grâce à une population bien formée et mieux informée. Avec l'avènement des indépendances, les États africains ont senti la nécessité de mettre en place des structures d'éducation, de formation et de recherche pour accroître leur autonomie dans ces domaines. Des institutions à vocation d'éducation et de recherche avec une envergure continentale ont aussi vu le jour avec l'ambition de sortir le continent de son isolement intellectuel et académique. L'Afrique a été pour longtemps et reste encore marginalisée dans les domaines de la production du savoir. C'est dans ce contexte que le CODESRIA a été créé en 1973 avec comme principal objectif de soutenir la recherche et la production de connaissances sur l'Afrique et par les africains. L'atteinte de cet objectif repose sur trois considérations : soutien à la recherche, appui à la formation et assistance à la publication des résultats de recherche. Ceci lui a permis de générer, de promouvoir et de diffuser une production scientifique importante et de haute qualité sur l'Afrique. Ainsi, ses revues, livres et rapports étaient diffusés partout sur le continent dans les bibliothèques qui sont censées accueillir des étudiants, et autres enseignants-chercheurs. Il n'est donc pas superflu de dire que, bien avant l'avènement du libre accès, le CODESRIA offrait déjà un accès gratuit à ses publications, une nécessité que les technologies de l'information et de la communication viennent confirmer par le biais du libre accès. Á ce titre, il a adopté en 2016 en collaboration avec d'autres institutions, la Déclaration de Dakar sur le libre accès en Afrique et dans les pays du Sud et œuvre pour sa concrétisation.
Les thèses et mémoires financés et collectés par le biais de son programme d'appui aux enseignants et étudiants dans les universités africaines vont davantage retenir notre attention car étant au cœur de la science ouverte. Leur mode de collecte et envergure géographique constituent un exemple à valoriser sur le continent. Le bénéficiaire d'un financement a l'obligation à la fin de ses travaux et après soutenance de fournir une copie de sa thèse ou de son mémoire. Ce document fait l'objet d'un traitement et est conservé dans le fonds documentaire de la bibliothèque à l'attention des utilisateurs. Le souci de partager cette collection rassemblée depuis les années 80 trouve une réponse favorable grâce aux technologies de l'information et de la communication et de tous les outils de traitement et d'échanges électroniques. Ceci a entrainé la mise en place d'un projet de numérisation qui a débuté par la recherche de partenaires financier et technique, la réalisation des différentes étapes portant sur la numérisation, le traitement bibliographique et a abouti en définitive à l'implantation d'un dépôt institutionnel. Ainsi, les enjeux de cet article vont au-delà du simple descriptif technique des tâches pour la mise en place d'un dépôt institutionnel qui certes, sont importantes et nécessaires.
La communication se focalisera surtout sur le montage financier, les considérations techniques pour l'acquisition du matériel, les difficultés rencontrées mais aussi et surtout sur l'intérêt scientifique de la diffusion d'une telle documentation. Les perspectives immédiates porteront sur la diversification des ressources documentaires dans le dépôt institutionnel pour relever son contenu en qualité et en nombre.

Numérisation, informatisation et mise en ligne des données d'herbiers : La biodiversité végétale mondiale accessible à tous
Samantha Bazan  1, *, Simon Taugourdeau  1, 2, * , Ousmane Ndiaye  3, Juste Djagoun  4 
1 : Systèmes d'Elevage Méditerranéens et Tropicaux.CIRAD, Institut National de la Recherche Agronomique - INRA, Montpellier SupAgro
2 : Institut Sénégalais de Recherche Agronomique  (ISRA-LNERV-PPZS, Route du Front de Terre Dakar -  Sénégal
3 : Institut Sénégalais de Recherches Agricoles/CRZ Dahra  (ISRA/CRZ Dahra)
4 : Institut Sénégalais de Recherches Agricoles [Dakar]  (ISRA)
* : Auteur correspondant

Les herbiers sont une source inestimable de données historiques sur la biodiversité, dans un contexte de crise mondiale sans précédent. Malgré les enjeux, il n'est pas toujours simple d'accéder à ce matériel fragile que ce soit pour les étudiants, les chercheurs et le grand public. Depuis une quinzaine d'années, une vraie dynamique s'est mise en place et de nombreux projets se montent partout dans le monde pour partager et valoriser ces données dans une démarche de libre accès aux connaissances. La numérisation des herbiers a été initiée en 2003 à travers le projet international African Plants Initiative puis dans la continuité Global Plants Initiative. Ces projets avaient pour objectif de rendre accessible en ligne les échantillons d'herbiers type (souvent conservés dans les pays du nord) pour les chercheurs et étudiants du Sud. Ce projet a permis de numériser et mettre en ligne plus de 2 millions de spécimens.
En France, le projet ReColNat a permis de mettre en place un réseau des herbiers et la numérisation de plus de 10 millions de spécimens. Ce programme a aussi initié la création d'outils pour la diffusion et le travail sur ces données : plateforme de mise en ligne, moteur de recherche performant, laboratoire de mesure en ligne, plateforme de science participative... La plateforme des Herbonautes par exemple, propose au grand public de participer à la création d'une base de données scientifiques à partir des millions de scans d'herbiers, pour aider les chercheurs à accéder à des données inédites pour leurs travaux. Des projets comparables ont vu le jour dans de nombreux autres pays : Royaume-Uni, Australie, Etats-Unis, etc.
L'herbier ALF du Cirad, qui fait partie du réseau ReColNat, s'inscrit lui aussi complètement dans cette démarche de sciences ouvertes avec la numérisation et la mise en ligne de ses données en libre accès. Nous souhaitons co-construire, avec les chercheurs et étudiants qui souhaitent utiliser les données d'herbiers, des projets de valorisation adaptés à leur thématique de recherche. L'herbier du Cirad a aussi un rôle à jouer comme passerelle entre le réseau européen de collections et les partenaires du sud grâce à son réseau historique et ces collectes de plantes d'Afrique.
En présentant les retours d'expérience sur la méthodologie ainsi que sur les outils pour la publication des données issues des herbiers, il serait possible de s'en inspirer et de combiner les idées de ces différentes initiatives. Ainsi, relancer le réseau des herbiers d'Afrique de l'Ouest pourrait permettre de développer la numérisation, le partage en libre accès et la valorisation de ces données de biodiversité en collaboration avec tous les partenaires.

La Science ouverte en Afrique francophone : réflexion sur les attitudes et aptitudes des gestionnaires de l'information documentaires du Cameroun et du Sénégal
Marie Sophie Dibounje Madiba  1  , Antonin Benoit Diouf  2
1 : Organisation pour l'harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA)
2 : Institut africain de développement Economique et de planification  (IDEP)

Science ouverte, libre accès, accès gratuit aux publications scientifiques, sont autant de vocables qui font désormais partie du paysage langagier africain. Venu d'ailleurs, le mouvement pour la science ouverte se présente comme modèle d'ouverture des savoirs de manière générale, ou encore levier de visibilité accrue des savoirs africains, afin de faire participer la science africaine à la grande conversation scientifique. Toutefois, ce mouvement implique des prérequis théorique et pratique faits de littératie numérique, de connectivité effective, de disponibilité énergétique, des politiques bien établies sur le libre accès, etc.
Une quinzaine d'années après, le mouvement du libre accès semble être resté à sa phase élémentaire en Afrique : juste des intentions éparses, des célébrations comme « l'Open Access week » et peu de réalisations concrètes en termes de politique institutionnelle et nationale et de dispositifs d'accès pérennes. Cette relative absence de plateformes de diffusion (dépôt institutionnel, archive ouverte... etc.) créés et animés par les acteurs africains est à considérer comme préoccupante, de même que les goulots d'étranglement manifestés par les fractures numérique et énergétique constatées au niveau des universités et centre de recherche.
Moyen de contribuer à l'indépendance scientifique des pays d'Afrique francophone, le mouvement pour la science ouverte, s'il demeure confiné dans sa dimension basique, risquerait de créer un effet pervers, si rien n'est fait localement. Son mode de fonctionnement universel, pouvant plutôt obliger l'Afrique à continuer de consommer d'avantage la Science faite au Nord et donc à favoriser l'injustice cognitive qui peut être enrayée grâce à elle.
Les stratégies d'intervention des professionnels de l'information documentaire africains méritent d'être revues. Car, en l'état actuel des choses, l'on constate un leadership timide vis-à-vis de l'émergence de la science ouverte, de la part de ceux-là même qui se revendiquent être parties prenantes du mouvement. Pourtant, il se construit en Afrique francophone, un fort potentiel de savoirs intellectuels en matière de gestion et de diffusion de l'information, possédant des aptitudes capables de développer les outils pour faire de la science ouverte une réalité locale. Du point de vue de l'existant, il faut noter les structures de formation académique et professionnelle en SID, et les ressources formatives en ligne susceptibles d'améliorer les compétences en la matière.
Notre communication a pour ambition :
- d'ouvrir un débat sur la responsabilité des gestionnaires de l'information documentaire africain quant à l'émergence de la science ouverte et
- d'inviter à une prise de conscience profonde afin de proposer un modèle d'ouverture de la science africaine qui prend en compte les réalités africaines.
Quels sont les modes d'organisation des professionnels de l'information pour faire émerger la science ouverte ? Comment interagissent-ils ? Quelles sont les normes et règles qui encadrent la diffusion des savoirs, quelles en sont les contraintes ? Une cartographie des actions menées par les professionnels du Cameroun et du Sénégal, nous permettra de répondre à ces questions fondamentales. Résultat escompté : création de plus de plateformes de diffusion avec les politiques institutionnelles idoines, initiées et animées par les bibliothécaires africains.

Connaissance et usage du libre accès par les enseignants-chercheurs de l'Université Assane Seck de Ziguinchor
Gora Lo
Université Assane Seck de Ziguinchor  (UASZ), BP 523 Ziguinchor - Sénégal -  Sénégal

Le dispositif informationnel mis en place par l'Université Assane Seck de Ziguinchor (UASZ) est encore très insuffisant pour satisfaire les besoins documentaires des enseignants-chercheurs et assurer une bonne diffusion de leurs publications. Dans ce contexte, le libre accès à l'Information Scientifique et Technique (IST) semble être une opportunité pour les enseignants de l'UASZ. Cependant, ces enseignants-chercheurs connaissent-ils le libre accès ? Quelles attitudes ont-ils envers le libre accès ? Pour répondre à ces questions, une enquête par questionnaire a été menée auprès d'un échantillon représentatif d'enseignants. L'analyse des résultats montre qu'une grande majorité des enseignants de l'UASZ connait et utilise le libre accès, mais cette connaissance n'est pas très approfondie. C'est surtout à travers les voyages d'études et autres déplacements que beaucoup d'enseignants sont informés sur le libre accès. Dès lors, plusieurs d'entre eux déposent des travaux dans des archives ouvertes en Europe ou publient des articles dans des revues étrangères en libre accès. L'UASZ et sa bibliothèque centrale doivent mettre à profit cet usage du libre accès par une bonne partie des enseignants, pour redéfinir une politique documentaire. Ils doivent, après une sensibilisation des acteurs, mettre en place un dépôt institutionnel et des revues en libre accès, afin de vulgariser les résultats de la recherche et d'augmenter les ressources documentaires.

Retour sur une expérience en cours au sein de l'Ivory Coast Development Knowledge Fabric Laboratory [IC-DFK Lab], un entrepôt DataVerse en élaboration collaborative en Côte D’ivoire
Apolinaire Kouadio Kouassi  1, *, Denise Petchokpan Hobela Koné 1 , Adou Yao 1Estelle Zuo 1, Judith Yobo 1, Lydie Konan 1, Sabine Tonan 1, Dominique COURET 2 
1 : UFHB, Abidjan
2 : IRD, référente DataSuds pour l’UMI Résiliences
* : Auteur correspondant

En Côte d'Ivoire il existe une production universitaire de connaissances sur les réalités locales du développement qui n'est pas visible ni disponible à l'échelle de la communauté intellectuelle internationale, elle manque donc à l'élaboration des nouvelles conceptions du développement et aux avancées de la Sustainability Science. Cette donnée scientifique sur le développement est notamment produite en géographie dans le cadre de la réalisation des thèses de doctorat.
Le laboratoire "les Intelligences et la fabrique des Savoirs et des Savoir-faire du développement " [IC-DFK Lab], tente une expérience pilote : il s'agit de déclarer et publier 7 Datasets correspondant à 7 mémoires et terrains de thèse, 5 sont achevés et 2 sont en début de cycle. Cela compose un panel de 7 situations géographiques de l'interaction entre les 3 dimensions du Développement : Economie, Démographie et Organisation des Sociétés, Ecologie Humaine et Environnementale. Les doctorants impliqués viennent ici témoigner de cette expérience en cours.

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